Après deux bonnes semaines de repos bien mérité, il est temps de passer aux choses sérieuses.
Fini le temps de se faire servir dans des restos costaricains sur la côte caribéenne, fini le temps où je me suis repliée dans ma grotte à chômer. Oui, il est temps d’usiner dans la cuisine.

Déjà, la lourdeur de la rentrée scolaire — et pas que — s’est fait sentir. Si cuisiner léger ou moindrement a été mon activité de prédilection, je ne me laisserai pas intimider par la cuisine de ma terre d’origine (celle de mes parents, plutôt).
Car je ne te mentirai pas, la cuisine haïtienne m’a toujours semblé fastidieuse.
Les heures passées à apprêter les légumes : le chou, le navet, l’aubergine ; la courge, les carottes, le mirliton (le chayotte) ; les pommes de terre, le manioc, le malanga ; l’igname et la banane plantain qu’on doit laver ensuite avec le citron de sorte qu’ils ne s'oxydent pas rapidement ; les haricots verts qu’on coupe en lamelles (à l’époque, coupés au rasoir !) ; les oignons, les échalotes françaises, les aromates à émincer…
Après, il y a la cuisson langoureuse de la viande, des soupes et de certains plats typiques mijotés.
Ah oui ! J’oubliais, il y a aussi les haricots secs.
Quoique familière et coutumière, cette dernière opération est plutôt supportable. À vrai dire, tu ne me verras jamais les manipuler avec un air dolent. Immergés dans l’eau, les haricots secs ne font qu’attendre patiemment dans un bol jusqu’à ce qu’on les fasse bouillir et qu’on les mélange à d’autres aliments comme, disons, dans du quinoa ou, comme la coutume le veut dans les Caraïbes, du riz.
En fait, quand j’y pense, bah ! vu la facilité de la tâche, je les ferais tremper n’importe quand sans problème. Ah ! Mes doux, doux haricots.
Si tu as une mémoire canon et fiable comme la mienne (hum, hum), il suffit de te souvenir de le faire la veille ou si tu es bien équipée, de les faire cuire dans une cocotte-minute.
C’est comme ça que, je soupçonne, la plupart des restaurants caribéens du Costa Rica, voire les cuisiniers modernes, les préparent. (Petit résumé : pendant mes vacances sur la côte caribéenne du Costa Rica, j’ai osé demander à la cheffe du resto Lidia’s Place de me donner un cours de cuisine, ce qu’elle avait gentiment accepté).
Chose certaine, Lidia Palmer les prépare ainsi avant de les glisser dans le riz.
En tout cas, on ne se lasse jamais de ce plat typique.
Des haricots rouges dans du riz, j’en ai mangé pratiquement tous les jours pendant mes vacances. C’est ainsi que cela m’a vivement rappelé mes racines antillaises, les moments où ma mère nous en servait. Jusqu’à présent, elle en prépare des pots pour toute la famille, au cas où la flemmardise de cuisiner s’emparerait de moi. Heureusement pour moi, ce sont mes plats de secours.
Et heureusement pour mon petit homme, il en raffole. Si dans le pays de mes aïeux on appelle ce plat en créole di ri ak pwa colé , en Amérique centrale, on dit Rice and Beans en anglais. Pas arroz con pintos en espagnol, mais bien Rice and Beans.
Les Costaricanos le préparent comme nous, les Haitianos, à la seule différence qu’ils ajoutent du lait de coco — ce que certaines régions en Haïti font aussi, mais pas typiquement.
Et moi, eh ben, je n’en prépare pratiquement jamais. Mais grâce à mon séjour, j’ai été inspirée d’en préparer à mon retour à Montréal pour me remémorer mes moments dans le Sud et de mon enfance.
Mais je l’ai cuisiné à ma manière.
Mon riz réunit une combinaison de la recette d’origine jamaïcaine et d’épices haïtiennes. Il comprend le lait de noix de coco avec les clous de girofle. Aussi, j’ai ajouté de la pâte tomate, comme font certains Haïtiens, mais c’est vraiment facultatif (ma famille m’enverrait en enfer pour cet ajout). C’était pour simuler la couleur orangée observée pendant mon cours de cuisine privé au Costa Rica.
J’ai vraiment joué avec les ingrédients pour apporter plus de saveurs et après, quelques essais, mon petit et moi avons déterminé que l’ajout d’un cube de bouillon (naturel) rehaussait vraiment le goût. J’ai utilisé des oignons rouges, car ils ont plus de goût que les oignons blancs. Plus petits que les oignons typiques, les échalotes sont utilisés pour donner un goût plus doux ou plus sucré.
Et j’ai obtenu un résultat très satisfaisant. Mon petit monstre a donné son sceau d’approbation.

Le lait de coco confère au riz moelleux une saveur crémeuse et légèrement sucrée, tandis que les aromates et le piment fort donnent au plat une épice savoureuse.
Enfin, après tout ce radotage concernant mon voyage, je t’accorde une recette bien méritée.
Riz aux haricots à la caribéenne

J’ai longtemps mangé ce plat dans ma jeunesse. À l’époque j’en mangeais avec du poulet ou du boeuf en sauce. Aujourd’hui, il partagerait aussi bien l’assiette avec du tofu ou du tempeh bien assaisonnés et épicés.
Les assaisonnements et les aromates donnent à ce riz son goût unique. Prends du riz à long grain et non basmati. Il sera plus ferme (riz basmati dans la photo). L’ajout du piment bouc le fossilise dans la cuisine de type caribéenne. Attention : celui-là se trouve presque à l'extrémité de l’échelle en chaleur de Scoville. Traduction : il est extrêmement piquant ! Petit et trapu, il fait partie des piments forts les plus piquants au monde. Il y en a de couleur orange, rouge ou vert, et leur chaleur est principalement retrouvée dans les graines, alors il faut les manipuler avec soin. Normalement, on ne met pas de pâte tomate, mais malgré les regards condescendants des cuisiniers haïtiens, je me suis essayée quand même. Ça a donné un riz plus brun que d’habitude, mais c’était très savoureux.
Le riz se conserve assez bien au frigo et au congélo, alors ça vaut la peine d’en préparer un gros lot en avance. Tu peux le manger avec une salade verte ou même t’en servir dans des burritos.
Riz aux haricots à la caribéenne
Ingrédients
- 1 tasse de haricots secs ou 1 boîte de conserve (Remarques)
- 3 cuillères à café de sel, divisé
- 1 branche de céleri
- 2 cuillères à soupe d'huile d'olive, de noix de coco ou de tournesol
- ½ onion rouge, finement haché
- 2 échalotes françaises, finement hachées (environ ¼ tasse)
- 2 cuillères à café d'ail, écrasé (environ 4 gousses)
- ½ cube de bouillon de légumes facultatif
- 1 cuillère à café de pâte tomate facultatif
- ¼ cuillère à café de poivre moulu
- 1 tasse de lait de noix de coco
- 2 tasses de riz à grain long, lavé et égoutté
- 1 piment Bouc (facultatif) (Remarques)
- 1 bouquet garni ½ botte de thym, ½ botte de persil et 4 clous de girofle enveloppés dans une gaze
Instructions
- Cuire les haricots rouges : laver et égoutter les haricots. Dans une casserole, mettre 6 tasses d’eau et le sel et amène à ébullition. Baisser le feu et faire bouillir à feu moyen, non couvert, pendant 1 h. Ajouter le céleri et laisser cuire pendant 30 minutes de plus ou jusqu’à ce que la peau se froisse. Goûter pour voir si elles sont tendres. Égoutter et garder le liquide pour la cuisson du riz.
- Cuire le riz : dans une cocotte en fonte, faire chauffer 1 cuillère d’huile à feu moyen. Incorporer les oignons, les échalotes, 2 cuillères à thé de sel et le poivre moulu et remuer pendant 2 minutes. Ajouter les haricots cuits et les faire sauter pendant 5 minutes. Ajouter 3 tasses du liquide de l’eau de cuisson des haricots et le lait de noix de coco et amener à ébullition. Ajouter le riz et les clous de girofle, remuer et faire bouillir jusqu’à ce que l’eau s’évapore. Baisser le feu, remuer le riz et placer le piment fort, le thym, et le persil sur le dessus du riz. Couvrir et laisser cuire pendant 30 minutes. Enlever le piment fort, les tiges de thym et le persil. Remuer avant de servir.
Remarques
Amène les Caraïbes vers toi maintenant!
Apporte une touche exotique dans tes repas. Il ne te faut que trois principaux ingrédients : du riz, des haricots et du lait de noix de coco.
Pour les haricots, n’oublie pas de te préparer d’avance ou au pire, utilise une boîte en conserve, faute de temps. Après ajoute tes aromates et le tour est joué.
Tu te retrouveras vite dans la chaleur des Caraïbes sans prendre l’avion.