Hum, hum…
Y a-t-il encore quelqu’un dans la salle ? C’est moi, Naïby. Tu sais, la fille qui partage des recettes d’origine végétale censées être savoureuses ? Ouf. Tu es là. J'ai l'impression d'être partie depuis des lustres. Ben, ça fait des lustres. Je n’ai pas communiqué avec toi pendant tout l’hiver. Oh la la. Qu’est-ce que le temps passe vite !
Bien des choses se sont passées. D’octobre à décembre, je boulonnais sans répit, comme le castor qui passe le clair de son temps à abattre des centaines d’arbres pour construire des digues et des chenaux durant les saisons froides. À y repenser, mes dernières recettes étaient le sisig de tofu philippin, le chou-fleur à la sauce bang bang et le pain à la citrouille. Quel labeur rongeait tant mon temps ?
Enseigner le français aux nouveaux arrivants au Québec et les intégrer à la culture tous les jours et tous les soirs de la semaine de travail. Eh bien, voilà, tu le sauras, je suis enseignante en francisation. Ça fait précisément quatre ans maintenant. Je suis enfin à l’aise pour te le dire.
Oui, j’ai décidé tout bien pesé que je ne veux pas devenir une septuagénaire, dormant dehors sur des morceaux de carton et tout édentée parce que je suis trop fauchée pour stopper ma parodontite. Ainsi, mon revenu de retraite proviendra officiellement de cette profession qui, je l'avoue, m’épanouit vachement tout de même.
Bref, après cinq mois de travail frénétique et d’état zombiesque, je m’aperçois que me sont passés sous le nez plusieurs grands événements :
- L’arrivée intempestive au pouvoir de Rishi Sunak comme premier ministre du Royaume-Uni (je sais, je vis au fin fond d'une caverne) ;
- Les films multiversels dotés de titres terriblement longs, comme Everything Everywhere All At Once que j’ai entendu avoir raflé les prix Oscars dernièrement (mais encore là, j’ai adoré voir Gwyneth Paltrow dans Sliding Doors, un film sorti en 1998 et suivant la même idée) ;
- La série lugubre de Mercredi à partir de laquelle s’est répandue LA danse sur TikTok ;
- La livraison à la maison de quatre couteaux Huusk, QUATRE, prétendument « en acier inoxydable japonais traditionnel qui a été utilisé pour fabriquer les katanas de samouraï japonais ». (Ils sont de fabrication chinoise et l'entreprise est basée en Lituanie.) M. Agréable (alias mon conjoint) a multiplié les achats par inadvertance.
Et à présent, voilà que le printemps est à notre porte et nous dévoile les plus beaux cadeaux de son temps clément : des nids-de-poule qui ont pullulé sans scrupule sur les routes de Montréal ! Oh, Montréal. Que serais-tu sans ces trous symboliques ?
Dernièrement, je me suis remise à concocter des créations culinaires, mais avec atermoiement, ceci dit. Qu’est-ce que je peux te dire de plus ? Je suis comme le castor après tout ; je me meus lentement. Il m’a fallu la demande expresse de mon marmot de cuisiner une soupe à l’oignon. S’en sont ensuivis des expérimentations actives dans la cuisine et le port renouvelé de la toque de blogueuse culinaire.
Alors, restant dans le thème des mouvements au ralenti, je te présente aujourd’hui une soupe qui nécessite une cuisson lentissime.
Ok, je sais que les soupes sont habituellement un truc hivernal, mais détrompe-toi. L’hiver québécois n’a pas dit son dernier mot. Ne t’étonne pas si je t’écris à la fin avril pour t’annoncer que nous avons été frappés par la neige, non pas une fois, mais cinq fois depuis le moment où je t’écris, l’ami·e. On devient en cinq sec amnésique lorsque le temps s’adoucit et qu’on s’emballe à montrer de sitôt nos jambes pâlottes.
Je digresse.
Donc, cette soupe, disais-je, est en fait une soupe à l’oignon, mais végétalienne.
L'histoire d'origine de la soupe à l'oignon est assez floue, mais on sait qu'elle a été créée en France il y a plusieurs siècles. À l'époque, les ouvriers agricoles et les soldats consommaient régulièrement de la soupe à l'oignon, car les ingrédients étaient peu coûteux et faciles à trouver. La soupe était souvent préparée avec des oignons, du pain rassis, du bouillon et des herbes aromatiques.
Elle était considérée comme un plat nourrissant et réconfortant pour les travailleurs qui passaient de longues journées à l'extérieur ou pour les soldats qui avaient besoin d'un repas chaud et copieux.
Aujourd'hui, la soupe à l'oignon est considérée comme une spécialité française et est appréciée dans le monde entier.
Et avec raison. Même végétalisée, cette variante est absolument di-vine. Je l’ai préparée quelques fois : parfois comme plat principal en y ajoutant des lentilles cuites à la fin de la cuisson et d’autres fois, telle quelle comme accompagnement. Enfin, le type de fromage végétal fait toute la différence. Il doit être fondant pour décupler le côté réconfortant.
Cette soupe est parfaite pour clore des périodes intenses de travail après lesquelles la paresse te hante, justement, et aussi, pour clore la saison hivernale.
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